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La First Lady du vignoble de Haut-Bailly

Elle a la grâce d’une Première Dame, et une authenticité rayonnante. Présidente de cœur, Directrice de l’équilibre et Femme de constance, dans le beau domaine bordelais où chaque année, avec ses équipes, elle crée des vins d’exception. Ici, sur la propriété d’un milliardaire américain, Véronique Sanders fait naître l’excellence : dans le travail et la production des vins bien sûr, dans l’accueil des hôtes également, avec cette même attention de chaque instant, comme celle portée aux 300 000 pieds de vigne. La rencontre fut désirée et vécue comme un pur moment de dégustation. Un échange soyeux, intemporel comme tous les millésimes du domaine, pour découvrir ce précieux patrimoine qu’elle fait grandir dans l’aujourd’hui du monde. Au final, un sentiment de justesse qui laisse entrevoir une si belle harmonie : un grand vin car une grande dame, et une femme d’une pure élégance qui se nourrit des rencontres et de la noblesse de ses grands vins.

Son rêve exaucé

Véronique Sanders démarre une carrière prometteuse dans la communication. Et tout bascule avec la vente du Château Haut-Bailly. “Je finissais ma formation à la faculté d’œnologie. On avait trois propriétés familiales, une dans le Sud des Graves qui faisait du vin blanc sec, une à Barsac qui faisait un vin liquoreux et puis celle de Haut-Bailly, que mon arrière-grand-père Daniel Sanders avait rachetée en 1955…” Le nouveau propriétaire s’appelle Robert Wilmers, un américain de Harvard, banquier humaniste de New-York. “Je lui ai dit que j’avais un rêve, celui de gérer la propriété. Il m’a répondu : pourquoi pas !” Et c’est ainsi que la jeune héritière prend la tête du domaine. A cette époque, il n’y avait pratiquement pas de femme dans le métier. Elle apprendra pendant deux ans aux côtés de son grand-père, Jean Sanders, qui prendra sa retraite en l’an 2000. “Ce fut d’abord un choix de cœur car j’ai toujours aimé la ville et la région de Bordeaux ; ses lumières, ses odeurs, ses paysages…” Il y a aussi une partie de ses racines familiales, puisqu’elle a grandi “dans les bottes de son grand-père”, émerveillée par son travail si riche et varié. “On ne fait jamais la même chose deux jours de suite, et je trouve fascinant d’être à la fois dans les vignes, dans les chais, ou en déplacement partout dans le monde et de rencontrer souvent des gens extraordinaires.”

Le Château Haut-Bailly a d’ailleurs cette particularité de recevoir du monde, et la nouvelle Directrice s’attachera à développer cet esprit d’accueil qui fait la signature des lieux. “On y fait découvrir le travail de la vigne et celui qui s’opère dans le calme et la fraîcheur des chais”. En tant que femme, elle cherchera aussi à s’imposer par ses compétences dans un métier encore très masculin. “Cela n’était pas facile d’être une femme au démarrage, mais je l’ai toujours pris comme un atout. Et je l’ai vécu comme un joli challenge.” Pour cette femme d’action, le respect vient d’ailleurs par les réalisations et gagner cette confiance se fait “par le travail et la compétence.”

Un patrimoine à préserver

Au cœur des Graves, le vignoble Haut-Bailly bénéficie d’un terroir exceptionnel de 30 hectares. Au-delà de la topographie en pente naturelle, le climat océanique qui est idéal pour la vigne, la terre est un sol de sables mêlés à des graves provenant de l’ère tertiaire, “terrain de prédilection des différents cépages”. Le sous-sol, quant à lui, est composé de faluns et pierres fossiles qui se sont structurés en une véritable mosaïque de micro-terroirs, parfaitement drainés. Devant le Château, “de très vieilles vignes qui ont 120 ans font le cœur et l’identité du grand vin” où se mêlent 6 cépages différents : Cabernet sauvignon, Merlot, Cabernet franc, Petit verdot, Malbec et Carménère. Déjà primé “cru exceptionnel au début du siècle, Véronique Sanders s’attachera à perpétuer cette excellence et hisser le château Haut-Bailly à la première place, “l’essentiel étant de révéler, millésime après millésime, l’identité de ce terroir et d’y rester fidèle”.

Dans cet objectif, le nouveau propriétaire va investir en privilégiant le long terme et non l’immédiateté et le spectaculaire. Une somme de petits détails pour gagner en précision, rénover et pérenniser le patrimoine, et qui permettra aux vins d’arriver à leur niveau actuel. “Reprendre le mode de taille, moderniser les chais, acheter des barriques pour faire plus d’élevage, faire une étude de sol pour bien vérifier l’adéquation entre les cépages et le terroir…” La Directrice reconnaît les fruits de ces investissements et toute la fierté de son grand-père. “Il y avait une merveilleuse complémentarité entre nous” et ce souci de l’innovation a toujours été un moteur de progrès chez les Sanders. “Le soin, le détail et la précision avec laquelle nous travaillons aujourd’hui est unique, et mon grand-père, qui a toujours été avant-gardiste, savait le reconnaître…” Robert Wilmers s’est inscrit dans cette lignée et va encore plus loin.

Créer un produit de luxe

Au cours des 30 dernières années, le métier du vin a évolué d’une manière considérable et les progrès techniques permettent aujourd’hui une précision inégalée jusqu’alors. “En tant que grand cru classé, nous avons le potentiel et les moyens pour faire de chaque flacon un produit d’exception.”

Aussi, le sur-mesure est de mise à tous les niveaux du processus de fabrication, et jusqu’à la vigne elle-même. “Vous avez 10 000 pieds par hectares et 30 hectares, donc 300 000 arbres dont vous vous occupez individuellement.” Cela démarre à la taille l’hiver, “car la manière dont on taille est le geste fondateur de la vigne”. Il n’y a pas une taille qui soit standard dans la propriété et chaque pied de vigne va être l’objet d’une taille adaptée. Ensuite, il y a le tri du raisin. “On va ramasser à la main le fruit de chaque parcelle au moment idéal et on va vinifier chaque lot séparément. On n’est plus à l’échelle ni d’un vignoble, ni d’une parcelle. “Aujourd’hui, on travaille à l’échelle d’un pied de vigne”. Véronique Sanders “jardine » toute l’année avec ses équipes, et dès le lendemain des vendanges, “car la vigne est comme une liane et c’est le seul végétal qui nécessite autant de soins”. Le secret réside alors dans la maturité des grains et l’expression du terroir, et c’est la quête de cet équilibre qui régit toute la conduite du vignoble.

Donner du bonheur

A Haut-Bailly, la Présidente est aussi une hôtesse qui se plaît dans l’accueil et l’hospitalité. Le Domaine offre des séjours en pleine quiétude au Château Le Pape, des séminaires organisés toute l’année dans les espaces privatisés et des déjeuners à la table privée du Chef avec “des astronautes, des écrivains, des ministres, des ambassadeurs ou tout simplement des vignerons. Véronique Sanders nous dévoile le secret de ces belles rencontres : “Lorsque vous réunissez les mêmes gens pour une soirée autour de grands vins, vous n’aurez pas les mêmes conversations qu’avec un verre de bière. C’est magique et c’est ce qui fait la beauté de notre métier !”

Pour créer cette alchimie, la dimension temporelle est omniprésente car les grands vins s’inscrivent dans une histoire. “Et en même temps, ils sont faits aujourd’hui pour être consommés demain”. Il faut donc s’inscrire dans la durée et être en cohérence avec ses valeurs pour devenir une référence.

Le rêve le plus fou de Véronique Sanders est alors de continuer à recevoir des gens de tous horizons et à concevoir le vin de demain, “celui qu’on n’a pas encore fait mais qu’on va imaginer.” C’est ce désir de partage et de précision qui permettra d’aller chercher encore plus loin et continuer de penser l’avenir, “pour laisser un bel outil et une magnifique propriété aux suivants

Ici, sur les terres de Léognan, aucun compromis n’est permis quand il s’agit de maintenir l’âme intemporelle et la constance d’un grand vin. Forte de ses compétences et son expérience du domaine familial, Véronique Sanders est avant tout une femme d’action, à l’écoute des besoins de son temps et garante d’un savoir-faire ancestral qu’elle perpétue dans les projets novateurs pour son Entreprise du Patrimoine Vivant. Son autorité naturelle et son charme d’une pure élégance font croître les vignes et pousser plus loin la qualité de ses vins, avec le désir inlassable d’offrir à chacun cette expérience du bonheur.

Propos recueillis lors d’une interview réalisée au Château Haut-Bailly (Bordeaux) le 6 juillet 2017

Lien vers le site du Château Haut-Bailly

Galerie photos de Véronique Sanders

L’authenticité selon Véronique Sanders, la créatrice d’un vin intemporel

“ Pour moi, le luxe ne peut être qu’authentique. J’irai même plus loin en disant que le luxe qui scintille de mille feux n’est pas le vrai luxe. L’authenticité dans mon métier passe évidemment par le temps et ce respect du temps. Il suffit de suivre toute cette production qui prend de longs mois et qui aboutit à la naissance d’un grand vin. Il y aussi le temps qu’on prendra à le conserver et le temps qu’on prendra à le partager avec les autres. Je trouve toujours l’accueil au Québec extraordinaire car les gens vous donnent du temps et finalement, ils vous donnent ce qu’ils ont de plus précieux. Mon message est donc de prendre le temps de s’arrêter, car le luxe c’est savoir vivre des expériences simples comme s’émerveiller devant un paysage et retrouver du sens en se questionnant sur sa vie.

Ce qui fait la richesse de notre métier, c’est qu’on est confronté à une grande diversité de personnes qui viennent nous voir à Haut-Bailly et qui veulent apprendre. Ils veulent savoir, comment le vin est fait; ils veulent déguster et s’enrichir de cet univers qui est fondamentalement ancré en nous, puisque le travail de la vigne fait partie de notre civilisation. Quand vous lisez la Bible, le nombre de fois où est cité le nom “vigne” ou “vin”, est impressionnant ! La vigne, cette plante si attachante, est donc un acte de civilisation. Et en contemplant ce paysage incroyablement travaillé, nous réveillons en nous les racines profondes de notre humanité, dont il faut en être respectueux. Cela nous rend humble car nous ne sommes que des passeurs, présents pour quelques années. Et l’on détient des joyaux dont on a le devoir de prendre soin et de transmettre dans un meilleur état que celui où on les a reçus. Personne ne se souviendra de nous, ni de notre nom. Mais on se souviendra toujours si c’était un âge d’or pour la propriété.

On peut revenir sur la notion de luxe et se demander ce qu’il est vraiment. Est-ce posséder ou est-ce disposer ? Je pense que pour la génération qui arrive, le luxe ne sera pas seulement dans l’avoir mais surtout dans l’être. Et c’est ce qu’on a voulu faire avec les chambres de Château Le Pape. Donner à des clients qui courent le monde toute l’année un moment de paix et de quiétude. Il n’y a d’ailleurs pas de télévision dans les chambres et on peut éteindre le wifi. On veut leur offrir ce moment hors de leur temps habituel. Arrêtez-vous un instant ! Posez votre regard sur ce beau paysage, sur une allée d’arbres ou sur une vigne… Et à Haut-Bailly, on leur donne aussi de notre temps, on leur explique ce que l’on fait pour leur faire comprendre notre vin. Et expérimenter ce moment d’art de vivre à la française accompagné d’un grand vin. Le vrai luxe, c’est cette authenticité-là.

Il y a dans notre terroir, des vignes centenaires qui constituent le cœur de nos vins chaque année, et le style de ces grands vins c’est avant tout l’équilibre, mais aussi l’élégance. L’élégance, cela veut dire le contraire de l’ostentatoire. Ce sont donc des vins qui vont être parfaitement mûrs, d’où l’aspect très soyeux des tanins, et qui vont avoir une capacité de vieillissement qui leur permettra de traverser le temps et les époques. On revient toujours à cette notion du temps, car on ne fait pas un vin juste pour plaire à un instant donné. Un grand vin, a la capacité et le devoir de traverser les temps. Les grands millésimes de Haut-Bailly durent un siècle ! Ce qui est donc difficile dans notre métier, c’est d’être régulier et de s’inscrire dans la durée. Quand vous faîtes une verticale (une dégustation de plusieurs millésimes qui se succèdent de Haut-Bailly), les clients sont souvent surpris par la qualité et la constance, millésime après millésime. C’est là notre authenticité, celle qui reflète notre terroir. Vinifier un grand vin, c’est donc laisser le terroir s’exprimer. Et au final, on veut des vins qui donnent du plaisir à être consommés. Alors, toute notre démarche va être de se concentrer sur le moment où cette bouteille sera consommée…

En conclusion, l’authenticité ne s’achète pas. Elle ne s’apprend pas non plus. On l’est ou on l’est pas. On peut vivre dans l’apparence et la superficialité, mais quand on a la chance de travailler dans le plus bel endroit du monde, on ne peut qu’être juste. Certains lieux sont plus propices à faire naître et à révéler sa propre authenticité. Nous avons la chance d’avoir un terroir exceptionnel, un propriétaire formidable qui s’inscrit dans la durée, et une équipe qui fait un travail sensationnel. Et toute ma philosophie a été ne pas suivre les modes et ne pas écouter les sirènes. Il faut suivre son instinct et garder son âme, être fidèle à ce que l’on est et être authentique.”

Propos recueillis lors d’une interview réalisée au Château Haut-Bailly (Bordeaux) le 6 juillet 2017

Lien vers le site du Château Haut-Bailly

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